Aï Inochi Tchie, Charles Abelé, hiver 2006
(extrait de la Lettre de la F.AAGE n°13)
Dans le prolongement de la rencontre Aïkido- Dharma
qui a eu lieu à Karma-Ling, la mairie de Lyon m'a invité à participer
et intervenir à l'occasion des rencontres “Dialogues en humanité” qu'elle
a mises en place depuis 2002.
Elles peuvent se résumer ainsi :
“À travers le dialogue et la confrontation entre les expériences, les
cultures, les traditions, les disciplines (sciences, arts, spiritualité,
politique, monde de l'entreprise), nous pouvons tous ensemble tenter
de mieux comprendre ce qui fait l'humain et essayer ensemble de grandir
en humanité. L'homme est au coeur de ce projet qui nous impose de réengager
une réflexion de fond sur l'humanité et l'humanisme et de créer les
conditions d'un changement de regard et de posture, y compris par rapport
à l'idée que l'autre est une menace.”
Le groupe de discussion dont je faisais partie autour de la question
“Pourquoi sommes nous violents ?” regroupait cinq témoins : Bernard
Bolze (coordinateur de la campagne nationale pour le numerus clausus
en prison), Richard Pétris (Fondateur de l'école de la Paix de Grenoble),
l'américain Osagnefo Uhuru Sekou (Coordinateur de la coalition inter-religieuse
contre la guerre en Irak), le brésilien Chico Witaker (co-fondateur
du Forum Social Mondial) et moi-même (maître d'Aïkiryu).
Ce qui est apparu au cours des échanges, c'est l'urgence de l'action
extérieure et la difficulté de se rendre compte de l'évidence de l'urgence
de l'action intérieure, tout le monde étant très pris par les problèmes
qui nous entourent.
Il en est quand même sorti une chose que nous, pratiquants d'Aïkiryu,
connaissons bien : c'est l'importance de notre attitude et les changements
qu'elle peut produire sur les autres et sur les situations sachant que
toute action dite externe nous modifie.
Mon intervention a été l'occasion pour moi de me rendre compte que nous
ne sommes pas seuls à nous poser la question de la paix, de l'amour,
de l'engagement dans la vie et cela quelque soit la forme, la race,
le pays et la compréhension que l'on a de la démarche des autres ; la
recherche est la même Paix, Justice, Amour.
L'Aïkiryu a sa place dans ce monde en tant que moyen dont nous sommes
les témoins et messagers vivants.
Nous avons l'outil, rendons le vivant en nous qu'il puisse être transmis
et qu'il éclaire notre chemin.
Notre pratique nous conduit à une attitude droite, stable, intégrative
face aux difficultés, face à l'inconnu. Nous ne pouvons pas arrêter
le changement de la vie, simplement nous pouvons y être présent, actif
et créatif. Nous pouvons ouvrir notre regard au-delà des jugements sur
le monde et nous rendre compte que nous le façonnons, le créons, y sommes
un point central et que notre univers est ce que nous sommes.
Nous vivons dans le temple de la déduction mais si vous appliquez, à
partir de votre pratique, le principe analogique, de nouveaux espaces
s'ouvriront.
Tout fonctionne de la même manière,
rien n'est différent et c'est notre capacité à intégrer, à nous transformer,
à nous ouvrir qui est la différence car nous agissons sur l'Espace-Temps.
L'Aïkiryu n'est pas un art différent des autres, sa capacité à exister,
notre capacité à le rendre vivant est le pas que chacun fait quand il
va en avant et pose sa foi dans ce pas qui le rend libre et uni à lui-même.
Il ne s'agit pas de dire que l'on détient la vérité mais que notre pratique
par le développement de la conscience de l'instant conduit à la pacification
et à l'ouverture.
La vie est rencontre.
Ces différentes interventions marquent une évolution dans l'ouverture
de l'école vers l'extérieur et surtout mettent en évidence que nous
pouvons chacun être actif quant à notre développement personnel, celui
de l'école, celui de l'Aïki, sans limite de cadre.
Abelé Shihan
hiver 2006